Une princesse passe

Ce matin, ambiance électrique dans les couloirs de l'hôpital de jour. On m'annonce qu'une personnalité, une star est là... Je m'interroge : comment les infirmières ont-elles pu en douter une seconde depuis que leur chemin a croisé celui de Bettilou qui traumatise tout le personnel soignant du service. A fortiori un jour comme aujourd'hui où il s'agit de refaire son pansement et lui injecter sa première intramusculaire. La perspective de ces deux évènements réunis me glace le sang. Sentiment partagé puisqu'un léger calmant lui est administré dans la matinée. Son efficacité est redoutable : un quart d'heure avant l'instant fatal, Bettilou se balance d'avant en arrière et se dévisse la tête dans tous les sens. L'affaire ne se semble pas se présenter exactement selon les voeux de l'équipe soignante. Je préfère donc très courageusement l'abandonner dans les bras robustes de son papa et partir m'aérer en secteur conventionnel. Effectivement j'aperçois très vite quelques intrus inhabituels - costumes noirs, et personnel de sécurité à leurs côtés - annonçant quelque présence exceptionnelle. En m'approchant je découvre en grande discussion la star du service, Mathilde, une petite fille extrêmement intelligente atteinte d'une maladie orpheline avec une dame, la quarantaine toute simple, pantalon beige léger et débardeur coordonné. Il s'agit de SAS la princesse Stéphanie de Monaco venue visiter les petits malades du service. Que se sont-elles racontées ? Que peut-on bien échanger quand on appartient à deux mondes si opposés ? Stéphanie a -t-elle raconté sa vie dorée parfumée au Monoï, cheveux dans le vent et vue sur mer à l'infini ? Mathilde a -t-elle expliqué ses journées passées entre le service et la pouponnière, le doigt calé sur la pompe à morphine, les joies de participer au spectacle de clown et la solitude le soir venu quand tout le monde repart et qu'elle reste seule dans sa chambre à visionner les DVD ? Joie ou frustration ? ou tout simplement amour de son prochain... Quelques bavardages plus tards, le calme est revenu et la princesse est repartie.